Réveil à 9h. Comme quoi,
hein, on a bien dormi ! Petit déj frugal, et pas moyen de faire
les courses sur le port, tant pis, on a quelques pommes et 3 pains au
lait, faudra qu'on survive avec ça, pas envie de prendre le
temps d'aller en
ville.
On appareille à 10h30 du J25. On a préalablement tout
re-re-revérifié, mis les voiles à poste (la drisse
de grand voile passait du mauvais coté d'un hauban, il a fallut
bricoler 5 mn pour la faire passer par dessus la barre de
flèche).
A part ça, tout est en ordre, on part avec le grand
génois
et la GV à poste.
On quitte sans encombre le ponton, et on
quitte le port. Pile poil, l'école de voile part du bassin sud
à ce moment là, on décide de se sortir de cet
essaim de cata légers avant de hisser.
Soudain, pout pout pout..... silence! Moteur calé. Pas
de panique, le courant est faible, le vent aussi, mais bon, on est
carrément pas manœuvrant. Je tente de le relancer... rien
à faire! J'ai le sentiment qu'il s'est arrêté faute
d'essence, je vérifie l'arrivée, tout est bon, mais
pourtant, j'en jurerais, il s'est arrêté faute de
bibine....
Après une bonne 15aine d'essais sans résultat
sur le lanceur, je décide de ne pas insister : encore deux ou
trois essais, et j'abandonne, on hisse les voile et on part au
près. Peut être que, sentant ma patience à bout, il
a eu pitié de moi... le coup suivant est le bon. Et il tourne
comme avant, c'est à dire comme une horloge.
Que s'est-il passé ? Une fois qu'on se sera
éloigné des catas, et sous voile, je me refais le film,
et j'arrive à cette conclusion : la bordure du coffre
arrière, en se fermant, compresse un peu le cordon
d'alimentation d'essence. Il suffit de s'appuyer dessus au mauvais
endroit, et le cordon est carrément pincé.... et
l'essence n'arrive plus. Il a fallut le réamorcer ensuite...
Il faudra modifier ce capot de coffre arrière, pour
éviter que pareil tour ne se renouvelle.
Mais bref, on y est, regardez:
Soyons clair, le vent n'est pas à
la hauteur de nos espérances. Et compte tenu de notre heure de
départ, nous savons que nous n'irons pas à Molène,
ni même au Conquet, qu'importe, on ira jusqu'où on pourra,
JL tient à passer le goulet, voire à aller à
Camaret.
De 10h30 à 15h30, nous allons
louvoyer avec des périodes de totale
pétole qui alternent avec des petites brises, pas grand chose,
mais Lhassa décole facilement pour peu qu'un souffle le pousse.
Deux ou trois fois des adonnantes un peu marquées nous
obligeront à virer, mais de toutes façons, il
n'était pas possible, avec ce vent de SW, de sortir d'un seul
bord. Notre principal regret, c'est qu'en raison de ce vent malingre,
nous n'atteindrons le goulet qu'à 15h30, 1h après la
renverse, dommage, on aura même pas le courant avec nous. Encore
heureux que la marée est minuscule, sinon, avec le vent si
faible, contraire, et le jus contre nous, on ne serait pas passé
sans moteur.
On garde bon an mal an le cap au 240,
impossible de faire mieux, il aurait fallu au moins 250 pour passer
d'un seul bord. On réapprend à faire le
point, on fait bronzette (il fait très chaud, et superbe
soleil), on se lit du Orsenna ("deux étés"), bref, on se
la coule douce et on est sacrementbien sur la marre aux canards.
Qu'on se le dise, un journée comme celle là vaut bien des
sacrifices.
Peu avant l'entrée du Goulet, nous
testons
le moteur. Démarrage facile, la mécanique tourne toujours
très
bien. Nous tirons alors un long bord au 300 pour approcher la cote au
nord,
nous prévoyons de prendre la passe nord du goulet. Mais deux
choses
vont survenir qui nous feront finalement changer d'avis.
D'abord, il y a foule, dans le goulet à cette heure. On
ne peut pas toujours virer, ou il faut parfois franchement loffer
pour simplement tenir compte des autres plaisanciers. Un gars,
visiblement pas très sûr de lui, s'approche de nous, et il
démarre son moteur, l'arrête, abat le foc, le remet etc
etc etc... et ne cesse de changer de cap... il finit par se trouver
devant nous, mais il n'avance plus... Nous loffons, le
dépassons, mais il redémarre, restant 20 à 30
derrière nous, légèrement sur notre tribord....
plus on approche de la Memgam, plus il est clair qu'on ne
peut pas virer sans lui couper la route.
Le deuxième facteur intervient quand nous sommes
fort près de la Memgam: le vent adonne légèrement.
Il nous faudrait ralentir, voire s'arrêter, pour laisser passer
ce
bateau au comportement déroutant. Mais on a assez de mal
à
avancer aujourd'hui.... et compte tenu de cette adonnante
sympatique,
en passant finalement par la passe sud, vu où nous sommes
rendus,
on peut en un seul bord rejoindre l'anse de Camaret. Nous loffons donc
légèrement pour pénétrer dans la passe sud.
Notre idée est de contourner le Plateau des Fillettes par le sud
et rentrer vent arrière par la passe nord. Et c'est ce que nous
ferons,
en dépit d'une courte galère à la Pointe des
Capucins.
Complètement déventé, le bateau s'arrête
totalement, il nous faudra y mettre du nôtre pour parvenir
à virer. En fait, nous devrons loffer en grand, partir vent
arrière, et empanner, pour repartir sous l'autre amure. Seule
consolation, à coté de nous, des collègues en sont
au même point que nous. La barre ne réagit que très
mollement, le courant est plus fort, il valait mieux suivre le bateau
que s'entêter dans un impossible virement à l'arrêt.
Un fois sortis du dévent des Capucins,
on retrouve une belle brise, même limite au centre de la passe
pour la toile qu'on a, et j'envisage de prendre un ris si le vent monte
encore. Il ne monte pas, et même, il refaiblit bien vite,
dommage....
On
dirait le passage du Cap Horn,
notre affaire, non ?!
Nous rentrons finalement vent
arrière, refaisant en trois heures le chemin qui nous a pris 6
heures à l'aller. Le vent fera encore défaut au large de
la Pointe de Porzic, mais sur la fin, une très
légère brise nous pousse, sans trop mollir. Nous
avons eu la flemme (ou la trouille !) de mettre le spi, mais sous
génois tangonné, voiles en ciseaux, nous suivons sans
problème les bateaux devant nous, bien plus gros pourtant et
sous spi. Décidément, Lhassa est vif, mais on le savait
depuis
longtemps.
On se range discrétos au J25. Toujours libre, on
ne sera pas dérangés.
Arrivés au port, à 19h10, soit 8h40 minutes
après notre départ.
Hormis le problème du capot de coffre, nous avons
identifié trois problèmes à régler sur le
bateau :
- la barre vibre dès qu'on avance un peu.
- Le taquet sur l'avant du mât gène les
virements.
- Le loch ne fonctionne pas. Pourtant, à sec, si on
tourne l'hélice, il marche !!! A voir, pour envisager une
navigation à l'estime.
Mais globalement, le bateau marche à merveille, c'est un
régal, vivement la prochaine sortie.
Le soir, on se bouge jusqu'au tex mex du port de commerce. Excellent
repas, joli lieu, on rentre tard, épuisés, mais heureux!
Dimanche
21 septembre 2003
On envisageait d'aller tourner un peu en
rade, si on avait le temps. Mais... levés 10h, le temps de petit
déjeuner, il nous reste juste le temps de plier pour rentrer. On
a finalement décidé de laisser Lhassa au ponton
visiteurs, pour mettre la remorque chez Remorq Center.... mais
ça, c'est une autre histoire.
C'est fini, pour cette fois,
mais on y retourne
dès qu'on peut,
et on vous racontera,
promis!