

Promenade
en rade
Comme d'hab : ira, ira pas
?
Bon, vous savez bien,
avant chaque sortie, il y a l'interrogation : on y va ? Cette fois, la
météo est incertaine, comme toujours. En début de
semaine, il semble que le temps veuille se mettre à l'orage...
mais rien de catastrophique, et on surveille les prévisions avec
bon espoir de ce coté. Non, en réalité, l'orage
est ailleurs... le début de semaine est... disons,
mouvementé, avec à la clef des nuits très
très
courtes, et une groooosse fatigue de vos vaillants navigateurs.
On avait prévu de partir le matin, à 5h ! Quelle
idée diront certains feignants que je connais... mais ils ne
savent pas, les pauvres... que la marée est impitoyable. Il faut
bien choisir son heure de départ, c'est elle qui commande. 5h,
pour avoir la fin de la descendante jusqu'à St Mathieu, et
prendre la montante là, pour nous pousser vers le nord (et
sinon, elle nous rejette au sud, Madame la marée, et ça
rigole pas à St Mathieu..)
Voilà, pour le projet, mais la graaande fatigue nous incite
à revoir nos projet à la baisse. On voulait aller
à Molène, on décide, dès jeudi matin,
d'abandonner
ce projet... et on décidera quelque chose Vendredi.
Le moins motivé alors, pour une fois, c'est le JL. Mais Calou ne
faiblit pas, elle ! Alors, vendredi, après une grosse
journée de boulot, on se décide : on y va!
C'est parti
Pas fous, on se prend une bonne dose de repos avant d'aller
mettre à l'eau, on en profite pour se payer une paire de truites
délicieuses, et se préparer pour le lendemain deux
maquereaux (aux pâtes fraîches) qui seront un régal
en mer.
On ne se rend au port qu'à 22h. En 1h, le bateau est
chargé de provisions et autres matériels divers, mis
à l'eau, amarré provisoirement sur le ponton essence et
la
voiture (et remorque) rangés. On embarque ensuite, pour aller
trouver une place tout au fond du port, une place qu'on va devoir
prendre en marche arrière, mais sans coup férir,
manœuvre menée de main de maître, on peut bien se jeter
des fleurs non ? On va toutefois perdre 30 mn
à se battre avec l'amarrage, on a changé le bout et on
veut l'amarrer droit, d'habitude on le colle toujours un peu de
travers, et on va mettre un moment pour trouver un réglage qui
nous satisfasse.
On file ensuite se payer
un verre de merlot au bar au fond du port, loin de la folle ambiance du
Tour du Monde, trop bruyant à notre goût ce soir là.
On rejoint le bord, pour une sacré belle nuit, sans mettre le
réveil, puisque demain, on ne passe pas le goulet avant 14h, on
fera une ballade au fond de la rade, tranquille, et rien ne presse pour
partir.
La voile est restée chez le voilier (pour de petites reprises)
et il faudra bien aller la chercher... et puis... on a pas vraiment
prévu les fringues en cas de fraîcheur, or... il fait un
peu
frisquet, finalement. On repassera donc à l'appart chercher
quelques fringues, et ce fut une bonne idée, tout compte fait...
Avec tout ces préparatifs, on ne lâche le ponton visiteur
qu'à 12h30.
Cette fois, le vent
est
là !
La capitainerie annonce
un avis de vent frais en fin de journée, vers 18h. Pour le reste
de la journée, on nous promet ciel peu nuageux, vent NW 4
beaufort. Il doit monter à 5-6 vers 18h.
On nous annonce aussi que le Charles de Gaule, de sortie, doit rentrer
ce soir, et que le Goulet est sous contrôle à partir de
17h, avec veille radio obligatoire sur la VHF pour suivre les
instruction du port.
On a pas de VHF, on se décide donc de ne
pas traîner dans ces parages après 17h.
On part, et pour une fois, il n'y a pas foule à la sortie,
et on hisse rapidement les voiles. Ah ! zut! fallait bien que je fasse
une connerie! J'ai endraillé le guindant de GV sur la
bôme, au
lieu de la bordure ! Balaise le JL... bon, pas trop gênant, on
remet tout ça en place. Ah zut! Le voilier à ouvert la
manille et perdu la vis. On bricole un peu, ça va.... la manille
de réserve est où ? va savoir... (mais si, je sais!!!
elle est
sur le palan de la remorque, et n'a pas été
remplacée... pffff)
Et puis zut et rezut, on a oublié de remettre les lattes, qu'on
avait enlevé pour déposer la voile chez le voilier. Bon,
on a donc une voile sans latte aujourd'hui...
Bon bon bon, c'est parti, et le loch affiche d'emblée le ton de
la journée : 3.5 à 4.5 noeuds. On sera rarement en
deçà, durant cette journée magnifique. Nous avons
décidé de rejoindre l'entrée du Goulet vers 15h30,
ça nous laisse trois heures. Vu le vent, c'est bien assez pour
aller explorer quelques recoins de la rade qu'on a pas encore vu.
Alors, cap sur l'île Ronde... Roscanvel, nous voilà !

Itinéraire
suivi (jusqu'au goulet) ce
samedi
Le vent était NNO, donc la
dernière partie du trajet, de
l'île Ronde au Goulet, s'est faite au près.
Calou a pris la barre, et nous voguons d'abord SSE. Derrière
nous on voit, assez loin, une forêt de spis se déployer,
une régate se prépare de toute évidence.... et
d'ailleurs, devant nous, quelques bateaux se regroupent peu à
peu,
sur notre route... autour d'un bateau que de loin on prenait pour un
pêcheur, qui est en fait le bateau comité. Bon,
évidement, comme ils attendent le départ, ils naviguent
en
tout sens, et il va falloir passer dans le paquet. Calou, dont on
devrait savoir qu'elle voit fort mal les distances avec ses yeux pas
trop bien réglés, nous fait un slalom de toute
beauté, sans emporter un seul balcon ni une seule jupe... la
grande classe!
Après cette démonstration de sang froid, d'à
propos,
d'anticipations éclairées, c'est JL qui reprend la barre.
Puis nous contournons l'île Ronde, en empannant pour partir
bâbord amure, vers l'est.
Le temps manque pour aller voir le fin fond de la rade, mais on passe
après de l'île (à peine visible sur la
mauvaise
image de la carte, c'est une île bien ronde en effet,
située à la pointe SE de la presqu'île de Plougastel, là où notre route
s'incurve
nettement vers l'est) puis on longe la cote sud de la presqu'île
de Plougastel. L'anse de l'Auberlach est magnifique, ça donne
envie d'aller y dormir un de ces soirs. On aura pas le temps d'aller
vraiment jusqu'à l'anse de Plougastel, dommage... et encore
moins au cimetière de bateaux du fond de la rade, ce sera pour
une autre fois...
Au sud, on longe la presqu'île de Crozon, magnifique aussi, ce
fut un sacré plaisir de naviguer dans cette partie de rade, au
petit largue, même si, nuages et vent ont sérieusement
rafraîchi l'atmosphère à ce moment, et qu'on s'est
presque caillé...
Un peu avant 14h, JL rend la barre à Calou, pour aller nous
servir le dîner. Génial, ce pique nique en mer, les
pâtes
au maquereaux sont super bien appréciées, on
complète avec quelques fruits, gâteaux, saucisson et
fromage
(dans le désordre...). Mais l'heure tourne, il est temps de
pointer notre étrave sur le Goulet, et donc, demi tour.
Calou, toujours à la barre, décide d'empanner
plutôt que virer. Moi, perso, je m'en fout, du moment qu'on est
d'accord! Alors je lui dit de se placer vent arrière, je voulais
passer le génois tranquillement avant d'empanner la GV. Mais
Calou, qui se la joue un peu, empanne directement du petit largue au
travers... un peu surpris, Jl suit la manœuvre, et tout se passe
extrêmement bien, je dois même dire que c'était une
très jolie manoeuvre, bien coordonnée malgré la
petit mésentente sur la façon de la mener.
On part donc, presqu' au travers, ou plutôt au bon plein, le vent
est ici légèrement détourné par la
côte et plus NO que NNO. Il a fraîchit, ce vent, pendant
qu'on
mangeait. Et...
Une rafale, un peu plus forte que les autre, vient soudain coucher
Lhassa. Oh, rien de bien méchant (et c'est sans danger, bien
entendu!) mais Calou n'était pas vraiment préparée
à recevoir cette claque et ne sait plus, sous le coup de la
surprise, quoi faire pour contrôler la gîte.
Jl lui dit de lofer, mais dans la panique intense qu'elle ressent,
elle perd ses moyens.... bon, JL pousse la barre, le bateau se redresse
très rapidement, et Calou reprend ses esprits. Elle vient
d'apprendre quelque chose ! Désormais, elle fait très
gaffe quand elle prend la barre de bien se mettre en tête
où elle
doit mettre la barre pour lofer, et où la mettre pour abattre,
pour
que ce soit un réflexe automatique dans les surventes. La claque
qu'on a pris devait être de 5 beaufort, pas méchant, mais
on a toute la toile, et ça commence quand même à
faire !
D'ailleurs, si le vent synoptique avait été aussi fort
que cette rafale, on aurait du réduire. On essuiera encore
quelques surventes de ce calibre, mais désormais, Calou ne se
laisse plus surprendre.
Calou, très
concentrée

Puis plus détendue
A propos, il faut le préciser : Calou, c'est
l'équipière idéale sur un bateau. Jamais
stressée, une sacrée expérience
d'organisation de la vie du bord, toujours prête à tout
faire
à bord, et quand on engage une manœuvre, c'est simple, elle
sait tout faire ! Et en prime, elle ignore ce qu'est le mal de mer....
Seul corde qui lui manquait à son arc, c'est barrer... elle n'a
jamais barré beaucoup, et jamais sur un dériveur
léger, tellement fin pour le barreur... Lhassa, c'est un Micro,
pas un dériveur léger, un tout petit croiseur
côtier,
mais les sensations à la barre ne sont pas tellement
éloignées du dériveur léger...
JL lui, au contraire, n'a navigué qu'en côtier, et presque
toujours à la barre faute de barreur de rechange, et toujours
skipper. En plus, les années 420 lui ont donné l'occasion
de vraiment apprendre à barrer, c'est tellement instable et
sensible ces petits bolides là...
Alors, forcément, on se complète plutôt bien,
et on s'apprend pas mal de choses.
L'est po belle la vie ?
Y'a du monde sur l'eau !
Bon, passé cette émotion, nous nous approchons de
l'île Ronde, par l'est cette fois. Et que trouve-t-on en face de
nous ?????
ceci:

regardez bien, au fond de
l'image, la petite voile rose, et derrière on distingue
l'entrée du Goulet. C'est donc là qu'on va.... et il va
falloir traverser l'essaim !
C'est encore Calou qui barre, JL
à la veille (vaut mieux ouvrir grand ses mirettes là). On
passe au milieu du paquet. On ne veux pas les gêner, mais d'un
autre coté, on serre le vent autant qu'on peut, pour rejoindre
le goulet si possible d'un seul bord, ou du moins, sans trop
louvoyer. On ne peut donc guère lofer, et on ne veux pas trop
abattre... bref, notre marge de manœuvre est réduite. Mais eux
sont vent arrière, et on est tribord amure (c-a-d on
reçoit le vent par tribord, on est donc -en théorie-
prioritaire) De fait, nous nous pousserons parfois un petit peu, mais
dans l'ensemble, ces régatiers ont été franchement
corrects et on passera sans coup férir.
Bon, là d'où est prise la photo, nous n'aurions jamais
pensé passer la Cormorandière (le caillou qui
déborde la pointe des Espagnols, l'entrée du Goulet quoi)
d'un seul bord sans louvoyer un peu. On comptait bien sur le jusant,
qui nous pousse vers le nord à cet endroit, mais vu l'heure et
le petit coef de marée, il n'est pas très violent encore.
Pourtant, plus on se rapproche de la pointe, plus on se rend compte que
ça va passer. Et ça passe presque, tout juste devrons
nous faire un minuscule petit bord pour finir de passer la
Cormorandière. Le courant et le vent s'opposent à ce
point et à cette heure, la mer est hachée, la houle vient
de partout. Le vent monte progressivement, et l'avis de vent frais
précisait aussi que la mer devient "peu agitée" en fin de
journée, et de fait, on croise quelques vagues plus importantes,
houle assez longue de NW, JL, qui a repris la barre peu avant la pointe
des Espagnols, s'amuse beaucoup à jouer avec cette mer
plutôt pas franche, mais très maniable.
Et puis, comme d'hab, le vent tourne quand on arrive à
l'entrée du Goulet... pour s'orienter NNE. Le pied! nous revoici
maintenant au petit largue. Et c'est pile à l'heure voulue
qu'on retrouve la Mengam, à 15h30.
On déboule donc plein pot dans le Goulet. Le loch affiche 4
à 4.5 nœuds, vu l'erreur qu'il accuse, ça en fait
près de 5.5, pas mal pour un petit bateau comme le notre.
On fait quelques rencontres dans le goulet :

Tridens, navire
océanographique néerlandais
Spécifications de Tridens
Bon, et puis, on se
retrouve (et d'ailleurs d'où sort-il???) bord sur bord avec un
first 211. C'est le remplaçant de notre 18, dans la gamme
Béneteau. Plus récent, carène ouverte à
l'arrière, étrave droite, cockpit plus long, il fait
presque un mètre de plus, et est mieux toilé que le first
18....
Il nous approche par l'arrière. Bon, alors ? Alors
évidement, on est pas régatier, mais quand même,
personne n'aime se voir dépasser par un bateau plus ou moins de
la même catégorie.
Alors on affine nos réglages, on se pique au jeu. Les deux
bateaux se suivent, il nous prend encore quelques mètres mais
guère plus. A la sortie du Goulet, il a choisi une route
plus nord que nous, pour se décaler franchement du
dévent des Capucins. Nous avons serré un peu
plus la côte, sans s'approcher pour autant de cette pointe dont
on a déjà eu le temps d'expérimenter son effet sur
ces vents de nord... Le vent tient bon, il faiblit à peine
à la sortie du Goulet, et nous entamons la descente sur Camaret,
plein sud, avec le vent quasi dans le dos.
A ces allures portantes, il est toujours difficile de garder le
génois bien gonflé. JL décide, malgré le
tangon endommagé, d'aller le tangonner au vent, pour le
stabiliser. Cela nous oblige à mettre quelques degrés
à l'est, mais la route n'en sera pas vraiment rallongée,
et les performances en seront accrues.

Le génois tangonné
au vent, le tangon dans l'axe de la bôme, le génois
travaille alors à plein régime, n'étant plus
déventé par la GV.
Le résultat est
immédiat. Le loch monte de quelques dixièmes, et le 210
perd du terrain. Il tente de changer son cap, mettant a son tour les
voiles en ciseau, mais sans tangonner. Il se rapproche de nous, mais
inexorablement, Lhassa passe devant. Il reprend alors une route plus
à l'ouest, s'éloignant de nous. A l'arriver à
Camaret, nous serons au coude à coude, mais il affale trop
tôt pour qu'on puisse vraiment savoir qui est arrivé
devant. Qu'importe, on est assez fiers de nous, car faire jeu
égal avec ce bateau intrinsèquement plus rapide n'est
déjà pas mal, alors le dépasser....
Bon, et bien... nous voilà donc arrivés ! 16h30, on a
parcouru 20 milles en 4h, une bonne moyenne donc, de 5 nœuds, bravo
Lhassa, nous sommes fiers de toi.

On choisit une place sur le
ponton le plus au sud, cockpit tourné vers Camaret, pour
bénéficier de la vue superbe sur le port. Arrivés
à 16h30, le port est encore assez vide, il va se remplir...
bon, on range.... (.....Calou range.....)


La suite ... ici
(attention, soyez patients, nombreuses photos... mais ça vaut le
coup d'œil)

